On peut ainsi découvrir de minuscules crèches aux couleurs vives d’Amérique du Nord devant chez les Badan, deux superbes modèles africains épurés, l’un en marbre blanc, l’autre en ébène, ainsi qu’une délicate crèche allemande en bois devant la cave d’Alain Emery. «Et vous avez vu? Les vignerons ont même créé leur propre crèche, je trouve ça génial!», s’amuse Raymond Graf en montrant au bord du trottoir un ensemble de brantes, caisses et tonneaux, l’un pourvu de cornes de bœuf en carton, un autre d’oreilles d’âne, avec une caisse à vendange pour camper Jésus.
On poursuit notre flânerie, en passant devant de gracieux santons italiens et une crèche provençale riche en détails dans la vitrine de la cave Veillon. Mais c’est en arrivant devant celle de l’Association des Celliers du Chablais qu’on peut admirer le plus précieux trésor de Raymond Graf: une centaine de santons d’art, façonnés pour la plupart par le Provençal Henri Vezolles. «Je vais très régulièrement en Provence depuis des années, et toujours durant la période de l’avent. Cela m’a permis de découvrir les marchés de santons et des artisans qui ont des idées et des doigts d’or, raconte le passionné de crèches. Quand j’ai rencontré Henri Vezolles, j’ai admiré son travail et lui ai acheté mes premiers santons, l’Arlésienne et le Gardian, en 1995.»
Devenu depuis le plus grand collectionneur du santonnier, Raymond Graf a même pris des cours avec lui: «Ses santons sont uniques en leur genre, car il utilise le système des quatre terres pour les créer: il n’y a aucune peinture, tous les éléments sont composés de terres de couleurs différentes, allant du crème à l’ocre intense. Et vous avez vu la précision inouïe des détails? Il se documente avant de reproduire chaque geste et chaque mouvement. Ainsi, par exemple, le tombé des robes des trois bohémiennes qui dansent, là-bas, est parfaitement juste.»