Robert Bouvier, les décisions des politiques concernant l’ouverture des lieux culturels ne cessent de changer au fil des semaines. Parvenez-vous encore à les comprendre?
J’accorde ma confiance aux décideurs et ne suis pas de ceux qui vont systématiquement s’indigner. Vous savez, il faut savoir se montrer humble et responsable face à la situation actuelle dans les hôpitaux. Cela dit, les théâtres ont su prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs publics dès que cela a été demandé. Ils ont été exemplaires. Je vois des photos de foules sur les pistes de ski, et cela me fâche, car nous devrions tous jouer le jeu. Tant de compagnies théâtrales se retrouvent aujourd’hui en situation précaire et des restaurateurs sont proches de la faillite. La culture est un secteur économique à part entière et joue un rôle prépondérant dans le climat social de notre pays.
Dans ces conditions extrêmes, comment parvenez-vous encore à travailler?
Dans le domaine de l’art vivant, nous sommes habitués à rebondir. Cependant, il s’avère particulièrement difficile de programmer des spectacles en ce moment et nous naviguons à vue depuis plusieurs mois. Car même lorsque nous recevons l’autorisation d’ouvrir nos portes, il faut savoir à quelles conditions. Combien de personnes pourront-elles assister à un spectacle? Quelle sera la distance imposée entre deux spectateurs en salle ou dans le foyer? Quand on nous a annoncé qu’il serait possible de jouer devant cinquante personnes, nous avons immédiatement cherché des spectacles susceptibles d’être présentés les semaines qui viennent dans ces conditions et préparions déjà la communication nécessaire.
Ne vaudrait-il donc pas mieux fermer jusqu’à l’été et clore la saison?
À Monthey par exemple, le théâtre du Crochetan a annulé ses spectacles jusqu’en mars. Au Théâtre du Passage, nous tentons de soutenir le plus possible la profession et sommes d’avis qu’il faut jouer dès que cela s’avère possible.
Pourquoi? Pensez-vous que le public soit prêt à venir assister à un spectacle tant que la crise sanitaire n’est pas sous contrôle?
Quand nous avons ouvert cet automne, les spectateurs ont répondu présent. Il y a un réel besoin d’aller au spectacle et de vivre en direct un moment de communion entre la scène et la salle. Le théâtre, c’est le miracle de réunir des gens pour leur raconter une histoire qui pourra leur apporter des émotions, une réflexion ou simplement les divertir. Et ce miracle doit continuer de se produire – le plus souvent possible.