Elles ont septante, huitante, voire plus de nonante ans. Mais à l’âge où certaines femmes aspirent à une vie moins trépidante, elles continuent pour leur part à lutter avec détermination pour leurs convictions et leurs idéaux. Quitte à descendre dans la rue, brandir des pancartes et interpeller les autorités pour mieux se faire entendre. Parfois désireuses de mener leur combat de manière indépendante, parfois membres d’associations et de groupements qui leur assurent une plus large tribune, quantité de grands-mamans luttent ainsi au quotidien pour un avenir plus lumineux. Que ce soit pour leurs contemporains, la société en général ou leurs petits enfants.
«Les associations de retraités se développent au tournant des années 1980, explique Alexandre Lambelet, professeur à la Haute École de travail social et de la santé (HES-SO) à Lausanne, spécialiste des questions liées à la vieillesse et à la socialisation des personnes âgées et auteur de l’ouvrage Des âgés en AG*. C’est une époque où on a le sentiment que les questions matérialistes sont à peu près réglées, on a par exemple le système des trois piliers en Suisse. La période où les personnes âgées étaient les plus pauvres est un peu dépassée et, en parallèle, des seniors commencent à revendiquer de pouvoir prendre la parole dans l’espace public. On assiste ainsi en même temps à la naissance d’associations de loisirs et d’autres qui sont dans la revendication, comme l’Association suisse des retraités, les associations féministes et celles qui s’inquiètent pour l’environnement.»