Rendez-vous à la brasserie des Deux Clefs, un bistrot emblématique de Porrentruy (JU). La serveuse pose deux verres d’eau minérale sur la table. Elisa Shua Dusapin porte une robe noire, sobre et élégante. Taillée pour la canicule. Tout est délicat chez elle: sa silhouette, son visage, sa gestuelle, sa voix, son écriture à la fois dépouillée, sensuelle et imagée.
Ses romans, eux, font voyager. En Corée du Sud d’abord, Pays du Matin calme et de sa maman, avec Hiver à Sokcho. Au Japon ensuite avec Les Billes du Pachinko. Et en Russie enfin avec Vladivostok Circus. Ce troisième roman, qui sort ces jours en librairie, est le fruit d’une rencontre inopinée, au cours d’un périple entre le Jura et Tokyo, en train et en bateau.
«À Moscou, j’ai croisé par hasard le chemin d’un trio à la barre russe, dont fait partie Johnny Gasser.» Le monde est petit. Lui aussi a passé une partie de son enfance dans la capitale ajoulote, précisément sous le chapiteau familial Starlight. L’étoile montante de la littérature romande (elle a déjà raflé de nombreux prix avec ses deux premiers livres) l’avait déjà côtoyé lorsqu’il effectuait des remplacements à l’école du cirque qu’elle fréquentait quand elle était petite.