Claude-François Robert, médecin cantonal neuchâtelois, se montre confiant quant aux effets positifs des ouvertures de centres de vaccination, mais refuse de crier victoire.
Claude-François Robert, l’ouverture d’un tel centre de vaccination marque-t-elle le début de la fin de la pandémie?
Je préfère rester très prudent, car ce virus ne cesse de nous surprendre et nous avons vu par le passé que tout pouvait changer très vite. Cela dit, l’arrivée des vaccins est une chose rassurante.
Les centres de vaccination se multiplient en Suisse, mais les vaccins, eux, se font rares. Cela doit être frustrant…
Vous savez, il faut être réaliste. Nous sommes en train de mettre en place un dispositif sanitaire qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de notre pays. Qu’il y ait des ruptures d’approvisionnement me semble normal. Nous nous adaptons et gardons le cap, à savoir vacciner 90 000 personnes dans le canton de Neuchâtel d’ici début juillet.
Dans les classements cantonaux, Neuchâtel est plutôt en queue de peloton. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné jusqu’à présent?
Cette course au nombre de personnes vaccinées relève plus de l’hystérie -médiatique que d’une question de santé publique. Et puis, il est vain de vouloir comparer ce qui n’est pas comparable. À Neuchâtel, nous avons toujours dit que nous allions réserver des doses pour les personnes ayant eu une première injection. Il était normal que nous ayons des fioles disponibles. Le plus important est que nous respections notre plan de route. Ce que nous faisons avec une nouvelle étape: depuis la fin de la semaine dernière, tous les résidents d’EMS qui le souhaitaient ont reçu une première dose.
On note un réel engouement de la population pour la vaccination au point que les places disponibles sont rares. Cela vous a-t-il étonné?
Les gens sont raisonnables et savent qu’on a de très bons vaccins avec très peu d’effets secondaires. Ils comprennent aussi la gravité de la situation. Quand on a 150 lits occupés par des personnes ayant le même diagnostic sur un total de 350, comme ce fut le cas un temps à Neuchâtel, il est facile de saisir que nous traversons une crise sans précédent.
Les personnes qui ont reçu deux doses de vaccin pourront-elles vivre comme en 2019?
Il est très vraisemblable qu’il faudra adopter encore un certain temps les gestes barrières, car nous ne savons pas précisément si une personne ayant reçu le vaccin Pfizer ou Moderna peut transmettre le virus. Mais les connaissances s’affinent chaque semaine. Concernant l’AstraZeneca, une étude récente a montré que le risque de transmission pouvait diminuer de 70%. C’est une très bonne nouvelle.
Informations sur la vaccination: ne.ch (pour le canton de Neuchâtel) et bag.admin.ch (site de l'Office fédéral de la santé publique).